visuel le plastique c'est dramatique

La dépollution de la Berre avec l’association Le Plastique c’est dramatique

La dépollution de la Berre avec l’association Le Plastique c’est dramatique

 

C’est dans le cadre de la première édition du budget participatif du département de l’Aude que Maxime a déposé l’un des 32 projets lauréats parmi les 259 proposés en 2020. Il est le fondateur de l’association Le Plastique c’est dramatique, créée en 2019 dont l’objectif est de lutter contre la pollution en mer causée par les ravages du plastique sur la biodiversité et les écosystèmes de nos océans. Participer au budget participatif de l’Aude en 2020 a permis à l’association d’entamer un processus de dépollution de la Berre, la rivière traversant le département de l’Aude et comptant plusieurs tonnes de déchets en tous genres : épaves de voitures, déchets plastiques, ferraille…

“J’habite une région où il fait très chaud l’été et où l’on a de belles rivières. Ce qui m’a interpellé c’est qu’à chaque fois que j’allais m’y baigner, il y avait très souvent des déchets flottants et je les ramassais à l’abri du regard des autres, je nettoyais le soir quand il n’y avait plus personne.”

Elle est loin l’époque du plastique fantastique des années 90, Maxime a décidé qu’il n’avait aucune raison d’agir dans l’ombre et au contraire, qu’il vaudrait mieux mobiliser d’autres personnes comme lui et exposer au grand jour des actions de dépollution. “Le plastique c’est dramatique” était née en tant qu’association.  

 

Les objectifs du projet

La plastification des océans a infecté la chaîne alimentaire marine et sur le long terme, l’Humain s’en trouve directement touché.

Il s’agit également de réduire l’impact sur la biodiversité par l’éducation. Pour ce faire, Maxime collabore avec la mairie de Narbonne afin d’animer des ateliers dans les écoles et centres de loisirs, du primaire au lycée, pour sensibiliser les jeunes à la cause environnementale. Après la sensibilisation, les élèves pouvaient aller réaliser une collecte de déchets afin de mettre en pratique les bons gestes expliqués par Maxime.

le plastique c'est dramatique

le plastique c'est dramatique

 

 

 

 

 

“Cela a un effet boule de neige car je sais qu’en rentrant, ils en parlent à leurs parents, à leurs amis, qu’ils ont compris et entendu le message. J’ai même l’impression que sensibiliser les enfants est plus utile que d’en parler aux adultes qui considèrent que le mal est déjà fait.”

 

La dépollution de la Berre

Malheureusement, c’est un projet qui est et sera toujours en cours puisque les gens n’ont pour le moment pas arrêté d’y jeter des déchets.

Maxime organise régulièrement des collectes sur différents spots de baignade, lui et son équipe ont déjà sorti plusieurs tonnes de déchets en tous genres de la Berre et pourtant, ce n’est jamais terminé. Il considère que sans le travail de ses bénévoles, la Berre serait aujourd’hui une décharge à ciel ouvert. 

“Il suffit d’une seule personne pour souiller un paysage magnifique”

le plastique c'est dramatique

Si cela a été rendu possible, c’est grâce au financement du budget participatif du département de l’Aude qui a permis à Maxime de financer un fourgon avec des capacités de stockage de déchets beaucoup plus importantes, ainsi que du matériel pour l’association. 

 

Organisation des collectes

L’association intervient sur le littoral et sur des zones dites humides (lacs, rivières…) afin d’empêcher les déchets d’arriver jusqu’aux océans, et parfois même en milieu urbain.

La fréquence varie selon le nombre de bénévoles mais en moyenne, cela tourne autour d’une à deux fois par mois l’hiver, et moins souvent l’été à cause de la chaleur. 

L’association compte 5 fidèles et les autres bénévoles s’inscrivent selon leurs disponibilités. Maxime renseigne les dates à l’avance sur Facebook et à la mairie du village. Tout le monde peut s’inscrire sur la plateforme digitale : un geste pour la mer via la carte interactive des collectes.

Suite aux sensibilisations de Maxime auprès des enfants, ces derniers poussent parfois leurs parents à venir collecter des déchets et la tâche se veut souvent moins ardue qu’escomptée. 

“Les enfants considèrent plus facilement la planète comme leur maison, ils savent qu’il est nécessaire d’en prendre soin. C’est triste, mais ils ont peur et peut-être qu’il fallait en arriver là pour espérer une fin positive. J’ai l’espoir d’un monde meilleur grâce à eux!”

 

Enjeux

 

“Pour moi, les politiques devraient s’emparer du sujet de l’écologie. L’écologie n’a pas de parti et ne pas considérer l’environnement dans un programme politique n’a pas de sens. En France, nous avons les moyens de recycler, il n’y a aucune raison de jeter dans la nature à moins de vouloir lui nuire consciemment!” 

Pour Maxime, il ne s’agit pas d’un manque de sensibilisation sur le sujet car nous entendons régulièrement parler du réchauffement climatique, de la pollution ambiante et certains d’entre nous souffrent même d’éco-anxiété. 

La vraie question est : qu’est ce qui motive les gens à respecter la planète si ce n’est la sauver et offrir un monde meilleur aux générations futures ?

Pour lui, le manque de considération politique décourage les citoyens d’agir et il faudrait mettre en place des politiques de dépollution avec sanctions financières afin de décourager les pollueurs.

“J’ai parfois l’impression que mes actions sont une goutte d’eau dans l’océan, mais j’ai au moins la conscience tranquille et à défaut de parfait, je fais de mon mieux. Il n’y a pas de petit geste lorsque l’on est 7 Milliards sur Terre.”

Maxime confie qu’il aimerait avoir plus de contrats à grande échelle pour pouvoir transformer son association en entreprise et s’y consacrer à plein temps. Il cite par exemple les routes du département qui sont extrêmement polluées par les automobilistes. 

 

 

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Un geste pour la mer

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visuel quatrième édition de la journée des partenaires

RETOUR SUR LA QUATRIÈME ÉDITION DE LA RENCONTRE DES PARTENAIRES ID CITY

Retour sur la quatrième édition de la rencontre des partenaires iD City

 

Une communauté de plus en plus étendue 

À ce jour, plus d’une cinquantaine de partenaires ont choisi la solution iD City pour mener leurs démarches de démocratie participative numérique. De natures diverses (collectivités territoriales, universités, bailleurs sociaux…), ces structures présentes dans toute la France et au Luxembourg, forment la communauté des partenaires iD City. La communauté des partenaires iD City se réunit une fois par an lors d’un temps fort à Nantes à l’occasion de la rencontre des partenaires, se retrouve lors de webinaires et échange de manière continue sur une plateforme numérique dédiée.

Cette communauté vise à favoriser les liens entre acteurs et actrices de la participation, à développer le partage d’expériences entre pairs et à contribuer à la montée en compétences de chacune et chacun sur les questions de démocratie participative. Il s’agit également de faciliter l’appropriation de la plateforme et de réfléchir collectivement à ses évolutions. 

journée des partenaires 2023

Retour sur la 4ème rencontre des partenaires

C’est dans ce cadre qu’une vingtaine de nos partenaires se sont retrouvé·es à Nantes le 17 Octobre dernier pour la quatrième rencontre de la communauté. Rythmée par des moments conviviaux et des temps de réflexion collective, cette journée a permis à nos partenaires de se rencontrer et de prendre connaissance des actualités d’iD City. De nombreux échanges ont également eu lieu sur l’avenir de notre plateforme numérique et sur les démarches participatives menées par les un·es et les autres.

  • Le nuancier des démarches participatives

La deuxième partie de la matinée était dédiée à un atelier visant à présenter la diversité des démarches participatives mises en place par les partenaires iD City et leur déclinaison sur notre plateforme.

Les participant·es ont ainsi pu partager les démarches mises en place au sein de leur structure :

🟩Les appels à idées et appels à projets comme la boîte à idées destinée aux agents du Tarn, l’appel à projets CVEC de l’université de Tours, ou encore, les appels à projets menés dans le domaine social du département de l’Hérault.

🟩Les instances participatives pérennes comme les Conseils des Enfants et des Aînés de Saint-Avé, le groupe de travail sur le participation citoyenne de Talence, ou encore le Conseil local du handicap de Quimper.

🟩Les dispositifs participatifs ponctuels comme la consultation sur l’évolution de l’offre culturelle de Vannes, la consultation sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin de la Savoie, ou bien la co-construction de la Journée du Patrimoine de Quéven

🟩Le droit d’interpellation comme le droit de pétition proposé à Quimper.

En somme, il existe une multitude de démarches qui méritent d’être mises en valeur et démocratisées ! D’autant plus qu’elles peuvent se décliner sur notre plateforme grâce aux multiples fonctionnalités qu’elle propose.

journée des partenaires 2023

  • Ateliers à la carte…

L’après-midi, les partenaires présents ont pu choisir d’aborder les sujets qu’ils et elles souhaitaient ! 

Ainsi, certain·es partenaires ont choisi de réfléchir à la mise en œuvre opérationnelle du budget participatif, de l’instruction des projets avec les services à l’accompagnement des porteurs et porteuses de projet. Tandis que d’autres ont réfléchi à des solutions permettant d’optimiser le back-office de notre plateforme. Enfin, les esprits se sont échauffés sur la question : comment faciliter l’inscription et la participation sur la plateforme ?

Cet atelier a été plus qu’instructif pour nous et nos partenaires puisque l’intelligence collective était au rendez-vous : du partage d’expérience à la recherche active de solutions communes.

Journée des partenaires 2023

Merci aux participant·es de cette quatrième édition de la rencontre des partenaires, nous avons déjà hâte d’être l’année prochaine !

 

L’équipe iD City

 

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une brocante eco solidaires dans les landes

Une Brocante Eco-Solidaire dans les Landes

Une Brocante Eco-Solidaire dans les Landes avec l’association Graines de Partages

C’est dans le cadre de la deuxième édition du budget participatif du département des Landes que Marine et Mehdi ont déposé l’un des 54 projets lauréats parmi les 280 proposés en 2022. Tous deux font partie de l’association Graines de Partages, créée en 2015, dont Mehdi a pris la direction depuis 2020. Son objet est de contribuer à la préservation de l’environnement, à la promotion de la solidarité et à la dynamisation économique de son territoire. Le projet consiste à la mise en place d’une recyclerie dans le sud des Landes, à Mimbaste (40) : la Brocante Eco-Solidaire. Il s’agit d’un lieu de collecte, de valorisation et de revente d’objets de seconde main, pour leur offrir une nouvelle vie et éviter ainsi le gaspillage.

Les objectifs du projet : 

“Dans la recyclerie, nous collectons, valorisons et revendons à petits prix des objets et équipements de seconde main. L’objectif est d’abord social car les prix sont à la portée de toutes les bourses, mais également écologique puisque cela permet de lutter contre les déchets et la surconsommation.”

Les dons se font de façon volontaire directement sur le lieu de l’association à Mimbaste, mais Mehdi indique que les membres de l’association peuvent aussi se déplacer sur le lieu de collecte sur demande du donneur. Graines de Partages est également conventionnée par un syndicat de gestion des déchets qui a mis à disposition de l’association un conteneur dans une déchetterie afin de collecter les objets initialement destinés à la poubelle afin de leur offrir une nouvelle vie.

En parallèle de la recyclerie, deux autres projets ont pu être lancés : le café atelier éco-solidaire, un espace de vie sociale où des ateliers ont lieu chaque semaine, ainsi que la maison éco-solidaire, un tiers-lieu de rencontres et de partage. 

L’association Graines de Partages : 

L’association a été initialement créée pour mettre en relation les consommateurs avec des producteurs locaux qui avaient du surplus de production à donner ou à vendre. L’objectif était donc de lutter contre le gaspillage et créer du lien social.

Une nouvelle équipe a été constituée en 2020 lorsque Mehdi a repris l’association, c’est à ce moment-là que l’idée de la brocante éco-solidaire est émise et que le monde du réemploi est envisagé. La recyclerie voit alors le jour en Avril 2021.

“Aujourd’hui, nous sommes cinq salariés dans l’association, une dizaine de membres au conseil d’administration et une vingtaine de bénévoles.”

Les objectifs de l’association restent sensiblement les mêmes, avec des moyens différents. Le volet social est très important pour Mehdi qui organise une fois par mois un atelier sur des thèmes touchant à l’écologie, l’économie circulaire mais également des ateliers bricolages au sein du nouvel atelier. 

 

L’avancée des projets depuis le budget participatif :

Participer au budget participatif en 2021 a été un réel coup de pouce pour aménager l’espace de vie sociale de la recyclerie. L’atelier a pu être équipé avec l’enveloppe gagnée et ainsi devenir un lieu professionnel avec de nombreux outils, des rangements et des établis où chacun peut venir bricoler, et où les objets abîmés peuvent être réparés voire upcyclés. Malgré tout, au moins 90% des choses qui arrivent sont revendues telles quelles car faire du surcyclage est très chronophage.

“Nous sommes fiers d’avoir cet atelier qui nous permet de répondre à des demandes professionnelles : nous avons récemment eu l’occasion de meubler une crêperie avec des meubles upcyclés (surcyclés). Nous avons créé les tables avec des supports Singer de machine à coudre, et avons fourni des chaises de seconde main.”

Cela ne s’arrête pas là, l’association a aussi créé des meubles pour une école, ou encore pour un syndicat de gestion des déchets dans le but de proposer des animations à des enfants.

Les enjeux

“La difficulté réside dans le fait de faire passer le message aux clients de la recyclerie que tout ce qui y est réalisé est coûteux et que les prix ne sont pas négociables car ils sont déjà très bas et que nous avons des salariés et un loyer à payer. Nous donnons à des particuliers en difficulté et à des associations qui ont pour but d’aider les gens, mais nous considérons que les personnes qui ont les moyens n’ont pas à négocier.”

Les objectifs à long terme sont de continuer à développer le pôle social autour de la recyclerie, qu’il devienne plus attractif et de notoriété publique, que tout le monde puisse venir développer ses idées et partager : des professionnels de toutes sortes vont s’installer dans le tiers lieu.

L’association pourrait même devenir un pôle touristique puisqu’elle propose de nombreux ateliers. Il est aussi possible de chiner, de découvrir l’endroit, de faire des rencontres au café…

une brocante eco solidaire dans les landes

De l’instruction du projet à l’annonce des lauréats : 

“La plateforme iD City a été facilement accessible, nous avons particulièrement apprécié la sélection sur carte et le fait que l’inscription soit verrouillée avec les mails. Nous sommes surtout fiers d’avoir gagné car il s’agissait de notre première participation et cela a vraiment permis de faire avancer l’association. En ce qui concerne la communication, l’avantage de notre projet est que nous avons autant de membres que de clients, et nous avons pu communiquer sur nos objectifs et ainsi obtenir le vote de notre base de sympathisants disponibles et contactables facilement.”

Après la phase de votes, le département a été un réel soutien pour l’association, les élus sont venus visiter le lieu et l’association a été citée dans la presse.

 

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rencontres européennes de la participation : le compte rendu iD City

Rencontres européennes de la participation : le compte rendu iD City

iD City a participé aux 7èmes rencontres européennes de la participation à Rouen. Cette année, la thématique centrale était : “La participation au cœur des défis des territoires”.

Dans une époque de défis multiples, ce rendez-vous représente un moment clé pour questionner le rôle que peut (et doit) jouer la participation citoyenne dans la transformation et l’adaptation de nos territoires.

Voici un compte-rendu de ce que nous avons retenu de ces rencontres et de chacun des ateliers auxquels nous avons eu l’occasion de participer, organisé selon les quatre thèmes abordés lors de cette édition. 

🟩Participation institutionnalisée ou mobilisation citoyenne : qui fait bouger les lignes ?

« Nous assistons, depuis maintenant une dizaine d’années, à une institutionnalisation et une professionnalisation de la démocratie participative : services de participation, pérennisation des dispositifs, chartes de la participation, marché des civic-tech… Pourtant, les citoyen·ne·s trouvent aussi, et de plus en plus, des terrains d’expression “hors les murs”. »

        Extrait du programme de Décider Ensemble

 

  • Repenser la participation : du pouvoir institutionnalisé à la participation citoyenne 

Il apparaît que la société occidentale n’est pas calibrée pour répondre aux problèmes qui se posent aujourd’hui, ce qui a pour conséquence une logique schizophrénique de la participation : demander l’avis des citoyen·ne·s sans leur donner le pouvoir d’agir. Ce double phénomène a pour conséquence d’accroître la défiance envers les institutions, là où la participation est censée y répondre. 

Tout d’abord, il s’agit de ne plus séparer la gestion des communs, le bénévolat et la participation citoyenne car les trois englobent toutes les échelles de la participation. L’engagement associatif et syndical peut être perçu comme un véritable rempart face à la violence face à la frustration, sans compter que la représentation syndicale est ce qui reste du bien collectif.

Lorsque l’on entend participation citoyenne, on entend collectif. L’idée n’est pas que chacun·e se considère comme porteu·r·se de l’intérêt général, mais bien que l’on y participe dans une logique collective encadrée, et ce, quelle que soit sa forme. Personne ne détient toutes les pièces du puzzle, mais tout le monde en détient au moins une. Il s’agit d’un fait politique total.

  • Les conventions citoyennes : vecteur de mobilisation au long cours ?

Les membres des conventions citoyennes (sur le climat et sur la fin de vie) présents ont pu partager leurs expériences sur cette expérience singulière. L’occasion également de capitaliser sur leurs retours pour améliorer les dispositifs futurs. 

Il est indispensable de clarifier en amont l’objectif final de la convention et de faire preuve de transparence quant au suivi des propositions qui en émanent. Il semble également important d’adapter le degré d’investissement attendu au degré de prise en compte des travaux remis. Des dispositifs doivent également favoriser la participation de toutes celles et ceux qui le souhaitent (garde d’enfants, reconnaissance professionnelle de la participation…). La question de l’obligation des personnes tirées au sort à participer à une Convention reste en suspens, même si les membres interrogés considèrent que cela nécessite trop d’engagement pour être obligatoire, d’autant plus quand cela concerne des sujets aussi complexes que la fin de vie. 

Certain·e·s membres ont poursuivi leur engagement citoyen par delà la convention, en devenant élu·e·s, porteur·se·s de projet auprès des collectivités territoriales ou membres d’associations. C’est la raison pour laquelle il convient de ne pas décourager les membres de la convention pendant qu’elle a lieu. Des associations ont d’ailleurs vu le jour dans la continuité des conventions mises en place, pour assurer le suivi des propositions ou bien promouvoir cette forme de participation. 

🟩Gestion des risques et participation citoyenne : un leurre ?

«Nos sociétés font quotidiennement face à des risques de nature et d’envergure différentes : risques climatiques, industriels, sanitaires… Anticiper et s’adapter représentent un défi majeur pour nos territoires.»

        Extrait du programme de Décider Ensemble

  • Peut-on gérer le risque en toute transparence ?

Selon l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, “tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne”. Si maintenir la transparence comme socle démocratique est à la fois une nécessité et un risque, voici un paradoxe : une perte de confiance envers l’Etat s’observe de façon conséquente depuis plusieurs années, mais les citoyen·ne·s considèrent néanmoins que c’est à l’Etat de gérer les crises. La transparence dans la gestion des risques semble un idéal à atteindre mais se heurte à des problématiques de gestion de données à caractère confidentiel. Malgré cela, les citoyen·ne·s peuvent être des allié·e·s dans la création et l’analyse des données. La pédagogie et la formation semblent les meilleures méthodes pour former les populations aux risques.

🟩La démocratie participative : source de plus d’égalité ou miroir grossissant des inégalités ?

« L’inclusion incarne une des principales promesses de la démocratie participative : donner la possibilité à toutes et tous de s’exprimer et de s’impliquer, à niveau égal, dans la construction d’un futur commun. Pourtant, dans les faits, les démarches participatives mobilisent souvent les mêmes personnes et reproduisent des écarts déjà existants. La participation citoyenne peut-elle recréer des liens entre différents groupes ? »

       Extrait du programme de Décider Ensemble

  • Tentatives institutionnelles : participation et inclusion

L’exemple de Grenoble-Alpes métropole :

Lors de son deuxième mandat, Eric Piolle, Maire de Grenoble, a souhaité passer un cap dans l’inclusion des publics éloignés de l’action publique. Dans une logique universaliste, le but des démarches participatives mises en place est d’améliorer la représentativité (des jeunes à partir de 16 ans, des résidents étrangers, sur la base de l’équité territoriale…). 

Pour ce faire, le système aléatoire est un bon moyen d’augmenter la représentativité, par exemple, un tirage au sort avec des quotas : personnes précaires, collèges, enfants, etc. Attention cependant à ce que le tirage au sort ne se fasse sur la base des listes électorales, excluant ainsi les jeunes et les résidents étrangers. Une liste de critères objectivés est essentielle au préalable pour aller chercher les personnes directement concernées par le sujet. 

Par ailleurs, afin de réduire les difficultés pour les personnes venant d’arriver en France, Grenoble-Alpes métropole a mis en place une agora dans le cadre du projet européen Unite!. Un groupe de 16 réfugié·e·s provenant de différents pays se retrouve alors, une fois par an afin de discuter des difficultés des personnes arrivant en France : éducation, connaissance du territoire, emploi… Le groupe est encadré par des professionnels qui écoutent et retranscrivent leurs demandes.

L’exemple de Rouen métropole :

De son côté, Rouen Métropole a souhaité améliorer l’accueil des personnes exilées dans le cadre d’un contrat territorial d’accueil et d’intégration (CTAI), en partant de leurs besoins et de leurs réalités. Les objectifs étaient les suivants : identifier les besoins en contact direct avec les personnes, toucher les personnes sorties du circuit et enfin, les motiver. Pour ce faire, un questionnaire non exhaustif et représentatif traduit en 5 langues a été soumis. A eu lieu par la suite la diffusion des résultats auprès des associations notamment lors de la journée mondiale des exilé·e·s. Le bilan est positif car la participation au questionnaire a été hautement valorisée et prise en compte par la métropole.

Facteurs clés de succès : élargir les publics visés, ne pas se cantonner uniquement aux questions matérielles en tenant compte de la culture, la cuisine, le sport, etc, ne pas sous-estimer l’importance des “personnes relais”, identifier les personnes dès leur arrivée, cartographier les différents groupes et adapter la communication à chacun d’eux.

  • Une participation inclusive dans le mille-feuille des échelles

Seulement 35% des français ont connaissance du rôle de chaque collectivité, chacun·e· n’a donc pas les mêmes chances de s’exprimer et de faire entendre sa voix.

Il s’agit de donner du sens et des repères aux habitants, communiquer sur les compétences de chaque collectivité dans une logique de formation continue, guider pour inciter. Si cette logique est bafouée, il y a risque de perte d’intérêt et de sursollicitation. Selon cette logique, les citoyen·ne·s informé·es pourraient proposer leurs projets à la bonne instance et les collectivités pourraient en parallèle co-partager les projets selon qu’ils se rattachent aux compétences de la ville, du département ou de la région. Cela permettrait de créer un réseau participatif et non un archipel de dispositifs déconnectés les uns des autres. 

  • Les jeunes ont-ils vraiment leur place dans les dispositifs de participation ?

Il s’agit tout d’abord d’aborder les jeunes avec sincérité, dans une volonté véritable de les comprendre et de se saisir de leurs problématiques. Ensuite, les respecter passe aussi par le fait de tenir compte de leur emploi du temps en incluant des temps de participation à des moments où disponibles et facilitants (vacances scolaires, par exemple).  Il s’agit aussi de clarifier les règles du jeu dès le départ, notamment la manière dont les propositions sont prises en compte, cela peut impliquer des temps de formation pour les jeunes dans un format ludique. En parallèle, il peut être opportun de mettre en place des actions d’éducation à la citoyenneté dès l’école primaire et intégrer dans le temps scolaire des heures dédiées à la pratique participative. Enfin, il est primordial de doter l’instance de moyens humains, matériels et financiers nécessaires pour le bon fonctionnement du processus.

🟩L’art, vecteur d’expression de la majorité ou de l’uniformité ?

« Les pratiques culturelles et artistiques représentent un moyen d’expression et d’appropriation d’un sujet ou d’une cause à part entière. Certaines d’entre elles trouvent ainsi déjà leur place dans le débat public, car institutionnalisées et considérées comme plus légitimes, alors que d’autres restent encore marginales, car vues comme contestataires. »

        Extrait du programme de Décider Ensemble

  • Podcast et vidéo, nouveaux vecteurs de participation ?

Dans les deux cas, podcast et vidéo permettent de lier une certaine sensibilité au discours, on humanise, on écoute d’autant plus facilement que la parole est incarnée. L’authenticité et la spontanéité permettent de comprendre rapidement le contexte et de l’imaginer par les mots et/ou les visuels. Il faut retenir que la formation des participants à la réalisation de médias podcast ou vidéo est un des gages de restitution juste de la parole recueillie et diffusée. De plus, l’ensemble de la chaîne de fabrication nécessite des compétences et savoirs êtres pour lesquels se former, notamment concernant la globalité du processus, de l’écriture au montage nécessite de se doter d’une charte de déontologie de la récolte et du traitement des données.

Facteurs clés de succès : miser sur un format court, synthétique mais qui ne modifie pas le discours de l’interviewé·e. Il est donc fortement recommandé de procéder à un montage éthique : fidèle à la parole et l’émotion de l’intéressé·e. 

 

Retrouvez l’intégralité du compte rendu des ateliers des rencontres européennes de la participation sur : https://deciderensemble.com/rencontres-cr-2023/ 

Retrouvez le reste de nos actualités sur le blog iD City

A quoi ressemblera le budget participatif de 2030 en France ?

Imaginer le budget participatif de 2030 en France

Voici la question que nous avons posée à un universitaire, un agent et des citoyennes : A quoi ressemblera le budget participatif de 2030 en France ?

Trois réponses sont possibles. La seule vraie réponse à la question de savoir ce que seront les budgets participatifs en 2030, c’est que l’on ne sait pas. C’est une échéance très lointaine au regard de la fragilité de nos sociétés et de nos systèmes politiques.
J’ai le sentiment que l’institutionnalisation du budget participatif n’est pas achevée. Les budgets participatifs continuent à être méconnus des citoyens. On peut donc dire que leur avenir n’est pas du tout assuré.
Il est possible néanmoins de prédire que le mouvement en faveur de la numérisation des démarches participatives va sans doute s’amplifier et d’espérer que leur dimension délibérative, très négligée aujourd’hui, se renforcera en permettant aux porteurs de projet et aux citoyens de confronter leurs visions dans la communauté politique et de l’espace public.

Loïc Blondiaux, professeur et chercheur spécialiste de la démocratie participative à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Si les élus sont réalistes, cela devrait se développer, mais il y a une double difficulté. D’abord la population méconnaît le fonctionnement de ses territoires. D’autre part, si les départements y ont intérêt, les communautés de communes le devraient aussi, car le niveau communal n’est plus pertinent pour de nombreuses compétences. Le budget participatif encourage à travailler ensemble, ce qui est plus productif et optimise les actions, mais peut aussi réduire les incohérences, les inerties et l’inefficacité dues à l’individualisme qui existent tant dans la population que chez les élus. Encore faut-il qu’existe un véritable esprit d’équipe.

Nadine Rybarczyk-Michel, membre de la Commission citoyenne du budget participatif Dordogne-Périgord

Ce que je retiens de mon expérience, c’est la qualité de l’accompagnement par les services de Lanester. Dès qu’on était perdu, ils étaient là pour nous encourager. Je dis “on” car nous avons fusionné nos projets avec Juliette ce qui a créé un super engouement et une solidarité entre nous deux. Sur le long terme, ce dispositif mérite d’être mieux connu. Lorsqu’on allait à la rencontre des potentiels votants lors de la campagne de vote, nous nous sommes rendus compte de leur méconnaissance du budget participatif, alors que le principe les intéressait pourtant réellement !

Laurence Arnoult, Co-porteuse du projet « Auprès de mon arbre…» , Budget participatif 2019 de Lanester

On pourrait imaginer que le budget participatif soit un budget dédié à des innovations sociales et territoriales. On proposerait aux citoyens de construire, à des endroits donnés, de nouvelles interfaces sociales. […] La question qui se pose est “comment proposer aux citoyens d’inventer, d’innover sur les territoires“? On trouverait des modalités pour créer collectivement des choses qui ne sont pas encore proposées. Les réponses pourraient ne pas être que marchandes. On aurait une question et le but serait de savoir si la question se pose réellement et comment on y répond collectivement.

Michel Pieyre, Directeur Mission développement durable, études et prospective au Conseil Départemental de l’Hérault

 

 

Sources à l’origine de l’article :

– Observations de l’équipe d’iD City à retrouver en intégralité dans le Guide pratique du budget participatif en ligne ou au format PDF

Recycler les mégots à Quimper

Philippe a participé à la première édition du Budget Participatif de la ville de Quimper en déposant l’un des 21 projets sélectionnés parmi les 67 proposés en 2021. Son idée porte sur la mise en place de cendriers pédagogiques afin de sensibiliser les touristes et les Quimpérois sur l’impact de la pollution des mégots de cigarette sur l’environnement.

Les objectifs du projet : 

Ses objectifs sont multiples : sensibiliser au sujet de la pollution de l’eau, collecter et recycler les mégots, participer au rayonnement de la ville de Quimper et protéger les cours d’eau en évitant que les mégots ne finissent dans la mer. En France, on estime entre 20 000 à 25 000 tonnes la quantité de mégots jetés chaque année. Le ministère de l’écologie le dit : “Fumer tue, jeter un mégot pollue”.

L’idée est intéressante également d’un point de vue touristique puisqu’une ville propre contribue au rayonnement et l’attractivité de la ville. Ainsi, l’installation des cendriers permettra de sensibiliser les Quimpérois, mais également les touristes.

En effet, au-delà de la pollution visuelle, la composition du mégot à base de matières plastiques (acétate de cellulose) et de substances chimiques (acide cyanhydrique, naphtalène, nicotine, ammoniac, cadmium, arsenic, mercure, plomb) dont certaines sont toxiques pour les écosystèmes ont des conséquences dramatiques sur la faune et la flore environnante.

Enfin, le dernier objectif de Philippe pour Quimper est de sensibiliser la ville à entrer dans la dynamique du label “Ville éco-propre”. En 2022, 115 collectivités bénéficient de ce label qui récompense les collectivités qui engagent des plans d’action à moyen terme pour améliorer durablement la propreté de leurs espaces publics*.

 

L’installation des cendriers : 

Le budget prévu s’élève à 3500 euros, ce montant comprend la fabrication des cendriers et leur installation, mais également le financement de l’entreprise chargée du recyclage des mégots. La mairie de Quimper lancera prochainement un appel d’offres afin de décider quelle société sera choisie afin de mener à bien le projet.

A ce jour, les cendriers n’ont pas encore été installés dans Quimper mais trois cendriers ludiques sont prévus entre fin 2023 et début 2024 à des points stratégiques de la ville. Sur chacun d’eux sera inscrit un message éducatif sensibilisant sur le sujet comme “savez-vous combien de temps met un mégot à se dégrader dans la nature ?”, ou encore, “combien de litres d’eau sont pollués pour un mégot jeté ?”. Les fumeurs n’auront qu’à jeter leur mégot dans la proposition qu’ils pensent juste, bonne réponse ou non, la finalité est la même : 500 litres d’eau épargnés pour chaque mégot qui n’atterrit pas dans la nature.

 

L’accompagnement de la ville de Quimper : 

“Nous étions trois personnes à avoir proposé des projets sur la même thématique, c’est pourquoi nous avons réuni nos trois idées en collaboration avec la mairie de Quimper.” 

Plusieurs réunions ont eu lieu dans le but de former un projet commun autour du recyclage des mégots. Plusieurs questions ont été soulevées, notamment quel type de cendrier était approprié, quels sont les lieux stratégiques où les placer ou encore des messages à inscrire. Le choix final s’est porté sur des cendriers sous forme de sondage pour sensibiliser de façon ludique. S’en est suivi une cérémonie de remise de trophées pour présenter chacun des projets lauréats.

 

La ville de Quimper a lancé sa deuxième édition de budget participatif en Mars dernier, avec un budget de 800 000 euros, nous avons hâte de découvrir les lauréats !

 

* En savoir plus sur le label “Ville éco-propre” : http://avpu.fr/label-ville-eco-propre/ 

Une forêt nourricière pédagogique dans l’Aude

C’est dans le cadre de la première édition du Budget Participatif du département de l’Aude que Céline et Olivier ont déposé l’un des 32 projets lauréats parmi les 225 proposés en 2020. Tous deux sont adhérents de l’association Cap-Heol, créée en 2005, et dont le siège a été transféré dans l’Aude en 2017. En 2018, un an avant le lancement du budget participatif, l’association acquiert un terrain en friche sur la commune de Montazels pour y réaliser son projet. Ce dernier consiste à créer une forêt nourricière pédagogique afin de préserver et enrichir la biodiversité du territoire Audois. Dans cette forêt-jardin associative de cinq hectares, on cultive non seulement des végétaux, mais aussi, la gratitude.

Les objectifs du projet : 

Les objectifs sont multiples : Participer à l’autonomie et à la résilience alimentaire du territoire, expérimenter, partager et transmettre la permaculture végétale.

L’intérêt de réaliser ce projet de façon associative est de pouvoir impliquer les voisin·e·s et citoyen·ne·s dans le projet collectif pour relocaliser la production de fruits et légumes, tout en se reconnectant à la nature. D’autant plus que les métiers et les travaux agricoles sont aujourd’hui dévalorisés ou sous-valorisés de par la facilité d’accès que nous avons en allant acheter notre nourriture en supermarché.

Le premier enjeu a été de régénérer le sol calcaire peu fertile incendié quelques années auparavant et d’enrichir la biodiversité. Il s’agit donc de partir de la lisière de forêt existante et de la développer petit à petit en reboisant avec des végétaux comestibles. Il s’agit bien d’une amélioration de l’existant et non d’une transformation totale.

C’est d’ailleurs le principe de la forêt-jardin, le stade abouti d’un écosystème comestible en permaculture. Il s’agit d’un mélange de plantes sauvages, d’arbres et d’arbustes fruitiers, de légumes perpétuels et de plantes aromatiques et médicinales qui s’intègre pleinement dans la biodiversité existante. L’association Cap-Heol cherche à introduire un maximum d’espèces et de variétés de façon à diversifier la forêt-jardin, on y compte alors plus de 200 espèces et 500 variétés différentes. Ainsi, plus de 800 arbres et arbustes ont été plantés depuis 2018. 

La forêt nourricière est un projet tourné vers l’avenir qui vise à rendre la Terre que nous laisserons aux générations futures dans un meilleur état que celui dans lequel nous l’avons trouvée. Une terre peu fertile peut retrouver sa biodiversité d’antan, c’est un véritable élan d’espoir axé sur la transition écologique, qui fait partie intégrante des préoccupations actuelles.

 

Se reconnecter à la nature : 

Finalement, le but sous-jacent de la forêt-jardin collective est de retrouver ce plaisir ancestral de produire, récolter de manger la nourriture provenant de terres collectives, et de prendre soin d’un lieu qui prend soin de nous en retour. L’idée est donc de transformer notre milieu de vie pour contribuer à la relocalisation et à la résilience alimentaire du territoire. Il est donc primordial d’élargir la vision utilitariste pour retrouver la connexion au Vivant et aux vivants. Sortir de la propriété individuelle est une piste pour retrouver le respect du bien commun et l’importance du collectif.

“Certaines personnes nous apportent les arbres dont ils ne veulent plus, nous sommes un peu comme la SPA, la société protectrice des arbres !”

Pour se reconnecter pleinement à l’énergie des plantes, au-delà de ce que l’on a appris dans les livres et sur internet, il faut leur laisser le temps de grandir comme elles l’entendent et de respecter au mieux l’environnement naturel. En réalité, cela ramène à l’humilité de l’humain face à la nature, rien n’est prévisible et nous devons nous adapter aux aléas naturels, pas l’inverse.

Lorsque les gens viennent flâner le long des sentiers et prendre un bain de forêt, l’objectif est de sortir du mental, du cérébral pour aller vers l’intuitif, le naturel. 

Sur les parcelles en hauteur de la forêt-jardin, des bassins de retenue d’eau ont été construits dans le but d’irriguer les plantations en contrebas grâce à l’eau de pluie.

Le projet à long terme : 

L’enveloppe financière du budget participatif a été un vrai coup de pouce pour réaliser en deux ans ce qui aurait pu être fait en dix ans. Elle a permis d’agrandir le terrain par l’achat d’une parcelle, de réaliser un bassin d’eau pluviale, de planter, protéger et nourrir environ deux cents arbres et arbustes, d’acquérir de l’outillage, notamment une brouette à moteur et des poteries d’irrigation. En revanche, l’enveloppe ne finance pas l’énergie humaine nécessaire à la mise en place d’animations et de visites. Heureusement l’association a pu compter sur ses adhérent-es et sympathisant-es pour concrétiser ces avancées permises grâce à ce budget participatif. Des élèves de l’école voisine et d’un lycée professionnel ont aussi apporté un renfort bienvenu pour les plantations.

Être lauréate a permis à l’association de se sentir soutenue par les citoyen·es, et lui a donné une légitimité auprès des administrations. L’équipe organise ponctuellement des portes ouvertes et visites guidées du lieu. Une fois le reboisement terminé, la forêt servira de véritable support pédagogique ludique qui attirera des familles. Mais l’heure est à la mise en place, même si un gros travail a déjà été réalisé.

“Nous aimerions développer une activité régulière de maternage d’arbre : nourrir les arbres, désherber leurs pieds, leur parler…”

Au cours de l’année 2022, 80 visiteurs sont venus dans la forêt-jardin et 30 bénévoles se sont impliqués au moins une fois dans les plantations et l’entretien. Le but à long terme est de partager les récoltes et cueillettes avec les bénévoles qui s’impliquent sur le lieu, voire si les récoltes sont bonnes, de les transformer ensemble et de vendre les surplus de fruits et légumes sur les marchés.

 

Retour sur le budget participatif : 

Ce que Céline et Olivier ont apprécié lorsqu’ils ont déposé leur dossier via la plateforme iD City, c’est la simplicité du dossier et l’accessibilité de la plateforme. De plus, l’association a reçu un réel soutien de la part du département de l’Aude, dont plusieurs membres de l’équipe sont venus visiter la forêt-jardin pour évaluer la faisabilité et la viabilité du projet.

Concernant la communication autour du projet, de nombreu·x·ses votant·e·s l’ont découvert sur la plateforme de l’Aude et ont fait le choix de lui donner leur voix. Surtout, Céline a participé à des marchés locaux afin de faire connaître le projet et l’association qui n’était pas connue à ce moment-là puisque Cap-Heol venait d’arriver dans la région. En parallèle, Olivier a appuyé la communication en publiant des vidéos sur le site internet de l’association et sur la page facebook de la forêt jardin de Cap-Heol créée à cet effet.

Le budget participatif et ses outils

Principes du budget participatif et ses outils de mise en œuvre

le budget participatif et ses outils

Le budget participatif est cyclique.

Ses outils de mise en œuvre sont les suivants :

  • Un calendrier adapté
  • Des moyens financiers
  • Des moyens humain
  • L’évaluation

Le budget participatif est transparent.

Ses outils de mise en œuvre sont les suivants :

  • Un règlement du budget participatifs
  • Des critères de recevabilités clairs
  • La gestion de projet
  • La communication
  • L’évaluation

Le budget participatif est inclusif et accessible.

Ses outils de mise en œuvre sont les suivants :

  • Le numérique
  • Le présentiel
  • La diversité des modes de participation
  • La communication
  • La diversité des moyens de mobilisation

Le budget participatif est adaptable.

Ses outils de mise en œuvre sont les suivants :

  • Les thématiques diverses
  • Des échelles de périmétrie de la démarche
  • Le public cible
  • La diversité des moyens de mobilisation
  • Le vote

Le budget participatif est basé sur le principe de la délégation de pouvoir.

Ses outils de mise en œuvre sont les suivants :

  • Le portage politique
  • Le budget alloué
  • Le vote

Le budget participatif est délibératif et collaboratif.

Ses outils de mise en œuvre sont les suivants :

  • L’expertise d’usage
  • Des ateliers de co-construction
  • L’expertise technique
  • Une commission citoyenne

 

 

Sources à l’origine de l’article « Le budget participatif et ses outils » :

– Observations de l’équipe d’iD City à retrouver en intégralité dans le Guide pratique du budget participatif en ligne ou au format PDF

interview isabelle ferreras

Et si la démocratie s’invitait dans l’entreprise ?

Si l’association des citoyens aux décisions publiques se développe depuis plusieurs décennies en France, ce phénomène peine à se diffuser dans le monde du travail. Les travailleurs sont peu associés à la vie de leur entreprise et aux décisions qui la concernent (ses finalités, ses profits, les services/produits proposés, etc.). Ce que les sociologues appellent la “démocratisation du travail” apparaît pourtant comme une nécessité dans un contexte d’après-pandémie et de crise climatique, qui bouleverse notre rapport au travail et notre modèle économique. 

Nous avons échangé avec Isabelle Ferreras, sociologue et politologue, professeure à l’Université de Louvain, sur l’association des travailleurs aux décisions de leur entreprise, les enjeux que cela soulève, les freins auxquels elle fait face et les formes concrètes que cette participation pourrait prendre. 

Voici quelques bribes de cette conversation riche qui apporte de nouvelles pistes de réflexion sur l’organisation du travail telle qu’elle existe aujourd’hui en France…

  • Vos travaux portent sur la nécessité de donner plus de pouvoir aux travailleurs au sein de leur entreprise pour leur permettre de peser sur les décisions qui la concernent. En quoi ce n’est pas déjà le cas ? En quoi le fonctionnement des entreprises n’est pas démocratique ? 

Nous ne pouvons pas considérer aujourd’hui que le fonctionnement des entreprises soit démocratique en raison de ce que j’appelle la contradiction capitalisme/démocratie. 

Dans le champ politique, des règles de fonctionnement communes s’appliquent à tous et toutes en vertu de l’idéal démocratique. Ainsi, chaque citoyen dispose d’un droit de vote, égal à celui des autres, lui permettant d’élire ses représentants. Les mécanismes de représentation et d’élection existants sont perfectibles, mais des moyens sont mis en œuvre pour tendre vers cet idéal, en partant du principe qu’il n’est jamais réellement fini.  

“Tandis que chaque individu a les mêmes droits en démocratie, le système capitaliste alloue les droits et les pouvoirs de décision en fonction des capitaux apportés dans l’entreprise.” 

Dans le champ économique, il n’en est rien. Le capitalisme prend le pas sur la démocratie. Tandis que chaque individu a les mêmes droits en démocratie, le système capitaliste alloue les droits et les pouvoirs de décision en fonction des capitaux et de l’argent apportés dans l’entreprise. Plus une personne investit du capital, plus elle peut exercer des droits politiques et prendre part aux décisions prises au sein de l’entreprise. 

De fait, si vous n’avez pas injecté d’apports en capital, vous n’avez pas de droits politiques, vous n’êtes pas un citoyen de l’entreprise. Vous faites fonctionner l’entité politique qu’est l’entreprise sans avoir le pouvoir de peser sur les décisions, ce qui est le cas des travailleurs.

“La perspective de démocratisation renverse la hiérarchie entre capital et travail : alors que le capital est survalorisé dans le capitalisme, la démocratisation suppose que chaque individu détient les mêmes droits au sein de l’entreprise.”

  • Pour vous, le principal frein à la démocratisation réelle du travail est donc le système capitaliste ?

Oui,  le principal obstacle à la démocratisation est l’idée que seuls ceux qui apportent du capital au sein de l’entreprise sont légitimes de se positionner sur tous les enjeux qui la concernent. 

La perspective de démocratisation renverse la hiérarchie entre capital et travail : alors que le capital est survalorisé dans le capitalisme, la démocratisation suppose que chaque individu détient les mêmes droits au sein de l’entreprise. Dans ce cas, chaque personne aurait une légitimité à prendre part aux décisions de l’entreprise grâce à son investissement dans son travail, qui serait considéré comme aussi important et précieux que l’apport en capital. 

Si on va un peu plus loin, l’apport en capital provient toujours de quelque chose qui est extérieur aux individus : un avoir, une fortune, etc. Il ne s’agit pas d’un investissement personnel, de sa personne, de son temps, de son esprit… Alors que les travailleurs investissent leur santé mentale et physique dans leur travail. On l’a vu lors de la pandémie : certaines personnes risquent leur vie en travaillant. 

Le seul risque qu’un apporteur de capital prend est de perdre ce qu’il a investi. Ce qui est, toute proportion gardée, moins grave que les burn-out profonds ou bien les suicides liés au travail. Ce sont des faits de civilisation qui témoignent du cœur même de ce qui se joue dans le gouvernement du travail capitaliste. Ce constat rend d’autant plus injuste le fait que les travailleurs, contrairement aux apporteurs en capitaux, ne soient pas associés aux décisions.

“La justice distributive ne suffit pas, il est également nécessaire de tendre vers une justice politique pour que les travailleurs puissent prendre part aux décisions prises par leur entreprise, d’autant plus qu’ils sont les seuls à qui elles s’appliquent.”

Suite à la pandémie, de nombreuses paroles ont exprimé qu’il fallait plus de justice distributive en augmentant les bas salaires des “travailleurs essentiels ». C’est une évidence, mais il n’y a pas encore de décisions politiques en ce sens, alors même que les plus riches ont profité de cette pandémie. 

Par ailleurs, la justice distributive ne suffit pas, il est également nécessaire de tendre vers une justice politique pour que les travailleurs puissent prendre part aux décisions prises par leur entreprise, d’autant plus qu’ils sont les seuls à qui elles s’appliquent. Or le principe démocratique veut que lorsqu’une règle pèse sur un individu, il doit pouvoir y prendre part. 

  • Une fois ce constat posé, on peut s’interroger sur la manière dont s’est diffusé l’enjeu de la démocratisation du travail et la nécessité d’étendre l’idéal démocratique au monde des entreprises.

La nécessité de démocratiser le travail a pris racine dans un double phénomène : les évolutions du droit du travail et le passage d’une économie industrielle à une société de services. 

En matière de droit du travail, la 2ᵉ Guerre Mondiale a été déterminante puisque la création des comités d’entreprises faisait partie des propositions du Conseil National de la Résistance. À cette époque, l’objectif est d’étendre la citoyenneté dans le monde du travail, en reconnaissant l’investissement des travailleurs au-delà du salaire qui leur est attribué. Les travailleurs sont considérés comme des participants à la vie de l’entreprise, ce qui mène en 1982 aux lois Auroux dont le préambule est : “citoyen dans la cité, citoyen dans l’entreprise”. 

Le second phénomène dans lequel la nécessité de démocratiser le travail prend racine est le passage d’une économie industrielle à une société de services. Jusqu’aux années 1970, les ingénieurs sont co-décisionnaires dans l’entreprise : ils pensent le processus d’organisation du travail tandis que les ouvriers exécutent. 

“Le moment d’exécution lui-même nécessite une véritable appropriation des finalités du travail, ce qui implique de peser sur celles-ci.”

Dans les années 1970, on bascule vers un régime de services dans le monde occidental, où plus de 80% de l’activité est issue du secteur tertiaire. La division du travail qui existait jusqu’alors ne tient plus. Il y a une prise de conscience du fait que les salariés doivent participer à la conception du travail et pas uniquement à son exécution. Il n’est plus possible de considérer qu’il suffit de s’en tenir à exécuter des principes édictés a priori. Le moment d’exécution lui-même nécessite une véritable appropriation des finalités du travail, ce qui implique de peser sur celles-ci. 

Pour prendre un exemple, imaginez que vous travaillez dans une entreprise qui vend des plateformes participatives en ligne. Quand vous vendez une plateforme à une entreprise X, ce n’est pas la même chose que quand vous la vendez à l’entreprise Y. Vous allez souvent adapter le produit, écrire quelques lignes de code pour vous adapter aux besoins du client. Dans ce cas, vous pesez sur les finalités du travail, vous ne pouvez pas vous appuyer sur un plan d’exécution qui a été mis au point et ne doit plus bouger. 

Cet exemple montre que dans une société de services, il est nécessaire de se mettre à la place du client, d’adopter son point de vue pour adapter le service à ses besoins. Cela implique une certaine marge de manœuvre. Il ne s’agit plus d’un régime taylorien qui repose sur une séparation étanche entre conception et exécution du travail, entre l’ingénieur qui conçoit le plan de la ligne de production et l’ouvrier à la chaîne qui se contente d’appliquer. 

Ces deux phénomènes : l’évolution du droit du travail et le passage à une société de services, ont contribué à mettre en évidence la nécessité d’associer les travailleurs aux décisions prises par leur entreprise. 

  • Ce qui semble malgré tout s’être imposé en France est plutôt un modèle “soft” où la participation des salariés à la vie de leur entreprise s’exerce aujourd’hui en France principalement par le biais d’institutions de représentants (délégués du personnel, comité d’entreprise, syndicats)…

C’est là qu’entre en jeu la distinction entre gérer et gouverner. Dans une organisation, il y a deux types de décisions prises : les décisions de gestion et les décisions de gouvernement

Les décisions de gestion, on les connaît bien : comment va-t-on parvenir à un tel objectif ? On déploie ensuite les moyens nécessaires à la réalisation de cet objectif, dont la définition n’a pas été discutée collectivement. 

Les décisions de gouvernement, quant à elles, portent sur les finalités poursuivies par l’entreprise : quels types de services veut-on offrir, quels types de profits veut-on faire,  vers qui va-t-on distribuer ce profit ? Dans les entreprises capitalistes, ces questions sont généralement réservées à ceux qui apportent du capital dans l’entreprise. Les travailleurs ne sont pas amenés à se positionner sur les questions de gouvernement. 

Ils sont principalement associés aux décisions de gestion via le Conseil social et économique (CSE). Cette instance constitue l’embryon d’une chambre de représentation de tous les travailleurs. Il s’agit d’un organe purement consultatif avec des pouvoirs sur un petit nombre de prérogatives : des questions relatives à l’organisation du travail, à la santé/sécurité au travail, et bien sûr un droit à l’information. Mais il ne s’agit pas d’une seconde chambre, en plus du Conseil d’administration, qui serait véritablement amenée à se positionner sur des décisions de gouvernement. 

Le Conseil d’administration, lui, est composé de représentants des apporteurs en capitaux qui ont le droit de peser sur le gouvernement de l’entreprise. C’est cet organe qui détermine les finalités de l’entreprise, dont émane un comité exécutif chargé de mettre en œuvre la politique qu’il a établie.  

“On observe des tentatives de recyclage de la démocratisation des entreprises, de manière à ce qu’elle soit moins dérangeante pour le capitalisme.”

  • Depuis quelques années, le monde du travail voit toutefois émerger de nouveaux concepts et principes tels que l’holacratie, l’entreprise libérée, le management collaboratif… (1) Est-ce le signe d’avancées en matière de partage du pouvoir au sein des entreprises ? 

Il y a en effet une tendance managériale qui vise à associer de plus en plus les travailleurs aux décisions de gestion. Mais il s’agit d’une forme de récupération et de stratégie pour ne pas associer les travailleurs aux “vrais sujets”. On peut voir cela comme des tentatives de recyclage de la démocratisation des entreprises, de manière à ce qu’elle soit moins dérangeante pour le capitalisme.

Ces pratiques restent intéressantes car elles permettent d’observer comment peut être mise en œuvre une véritable discussion participative sur des sujets liés à l’entreprise. Mais l’enjeu est de ne pas se laisser enfermer dans les décisions de gestion et de mettre entre les mains des travailleurs les décisions de gouvernement. 

Car la démocratisation ne peut pas s’arrêter à des questions de gestion. On ne peut pas dire “on adopte le fonctionnement d’une entreprise libérée, mais toutes les questions sur lesquelles le Conseil d’administration se positionne, la rémunération des actionnaires, les finalités de l’entreprise, ce n’est pas entre les mains des travailleurs”. 

“C’est toute la question aujourd’hui : comment va-t-on prendre en compte la nécessité d’associer et d’impliquer les travailleurs qui s’impose de plus en plus ? Est-ce qu’on va tendre vers des organisations démocratiques du travail en acceptant un principe de l’égalité entre tous et toutes ?”

  • Comment aller réellement plus loin dans ce cas ? Quelle forme peut prendre concrètement l’association des travailleurs aux décisions de l’entreprise ?

C’est toute la question aujourd’hui : comment va-t-on prendre en compte la nécessité d’associer et d’impliquer les travailleurs qui s’impose de plus en plus ? Est-ce qu’on va tendre vers des organisations démocratiques du travail en acceptant le principe de l’égalité entre tous et toutes ? Est-ce qu’on va permettre aux travailleurs de peser sur leurs conditions de vie au travail, sur les finalités poursuivies par leur entreprise, en considérant que ces décisions doivent être validées et légitimées par leur soin ? Ou bien est-ce qu’on va se contenter d’une forme très “soft” de participation des travailleurs ?

Nous pouvons nous appuyer sur l’Histoire pour penser la manière dont les travailleurs pourraient réellement peser sur les décisions de leur entreprise. Les humains ne créent jamais à partir de rien, nous sommes toujours les héritiers d’un patrimoine et d’une Histoire. 

On peut ainsi observer que les entités politiques se sont démocratisées par ce qu’on peut appeler “le moment bicaméral” (2) : c’est le moment où la minorité qui gouverne reconnaît que la majorité dont elle dépend pour son bon fonctionnement a aussi le droit légitime de peser sur les lois et les règles de gouvernement. Un principe de double majorité est alors reconnu et requis pour gouverner convenablement. 

“Si on calque cette logique au monde du travail contemporain, pour toute décision prise au sein d’une entreprise, la majorité devrait être obtenue au sein du Conseil d’administration et au sein du CSE où siègent des représentants des travailleurs.”

Au Vᵉ siècle avant JC, la Plèbe n’avait aucun droit jusqu’à ce qu’on lui reconnaisse celui de contester toutes les décisions que les Patriciens prenaient seuls auparavant. C’est un droit de véto collectif qui est le principe même du bicamérisme. 

Si on calque cette logique au monde du travail contemporain, pour toute décision prise au sein d’une entreprise, la majorité devrait être obtenue au sein du Conseil d’administration et au sein du CSE où siègent des représentants des travailleurs. Or aujourd’hui, le CSE ne se positionne pas à la majorité pour valider les décisions du Conseil d’administration. 

Il est donc nécessaire de s’interroger sur la place des travailleurs au sein du Conseil d’administration, qui est le cœur du pouvoir de l’entreprise. À ce sujet, la loi PACTE promulguée en 2019 a reconnu une légitimité des travailleurs à être représentés au sein des Conseils d’administration. Mais il s’agit d’un ou deux représentants… Il reste 80% des voix entre les mains des apporteurs en capitaux.  Par conséquent, il n’y a pas panique à bord. 

Cela révèle la contrainte de démocratisation qui pèse sur les entreprises, mais aussi les manœuvres qu’elles mettent en place pour contourner le partage réel du pouvoir de décision avec les travailleurs. 

  • Existe-t-il des exemples de fonctionnement démocratique des entreprises dans d’autres pays ? 

C’est le cas dans le modèle allemand de co-détermination, et dans une moindre mesure dans les modèles scandinaves. 

En Allemagne, un tournant a eu lieu après la Deuxième Guerre mondiale car les industriels ont joué un rôle crucial dans l’accession de Hitler au pouvoir. Quand les Alliés ont réorganisé l’Allemagne de l’Ouest, ils ont souhaité réduire leur influence en leur imposant une restructuration avec une contrainte de démocratisation. La moitié des postes dans les Conseils d’administration ont ainsi été confiés aux travailleurs et représentants des syndicats. 50% des sièges des conseils d’administration des grandes entreprises allemandes du secteur de l’acier ont été occupés, du jour au lendemain, par des représentants des travailleurs. On peut parler de co-détermination de parité parfaite. Dans les faits, les juristes allemands considèrent qu’il s’agit d’une “fausse parité” car le président du Conseil d’administration a une voix délibérative en plus. 

Mais ce fonctionnement a permis le développement d’une culture de collaboration entre capital et travail, autour des objectifs de l’entreprise, qui est à des années lumières de ce qu’on peut connaître en France.

  • Si la nécessité d’associer les travailleurs aux décisions prises au sein de leur entreprise n’est plus à prouver, ont-ils une volonté marquée de participer ? Si oui, comment s’exprime-t-elle ?

Dans tous les cas, la démocratisation des entreprises apparaît aujourd’hui comme une nécessité, pour toutes les raisons évoquées précédemment, ne serait-ce qu’en termes de justice. Même si des travailleurs ne souhaitaient pas être davantage associés aux décisions, on peut considérer que la situation actuelle n’est pas acceptable car elle n’est pas en phase avec notre projet de société qui repose sur la démocratie. 

Dans les faits, les travailleurs se positionnent déjà sur quantité de choses et de décisions dans le cadre du travail. Mais on ne leur donne pas la liberté de pouvoir véritablement assumer la manière dont ils souhaiteraient se positionner. J’ai par exemple étudié les conditions de travail des caissières de supermarché : j’ai pu observer qu’elles avaient un avis sur quantité de décisions prises dans le cadre du magasin. Leur avis n’est pourtant pas pris en compte, jusqu’au moment où surviennent des problèmes de démotivation, d’absentéisme et de mauvaise organisation du magasin. 

C’est ce que j’appelle l’intuition critique de la justice démocratique au travail : les travailleurs ont l’intuition qu’ils ont un avis éclairé sur un tas de décisions liées au travail, et ne comprennent pas pourquoi il n’est pas pris en compte. Il y a donc une volonté chez les travailleurs d’être associés aux décisions de leur entreprise, qui peut aller jusqu’à un sentiment d’injustice lorsqu’ils comprennent que ce n’est pas le cas. 

Il y a beaucoup d’organisations qui ne tiennent pas compte de ce constat, et qui peuvent ensuite s’étonner que les travailleurs soient démotivés, en proie à de l’aliénation complète ou des burn out. Les travailleurs vont sans cesse se questionner sur le sens et les finalités de leur travail, valoriser ce que fait l’entreprise, s’investir, puis se rendre compte que leur investissement n’est pas pris en compte. L’expérience de cette violence est d’un point de vue psychique et émotionnel extrêmement difficile. 

  • De la même manière que certains chercheurs en sciences sociales alertent sur les liens étroits entre participation citoyenne et transition écologique, vous estimez que le partage du pouvoir au sein des entreprises est une condition indispensable à cette transition. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous sommes aujourd’hui dans un rapport extractif au vivant : toutes les ressources, tant naturelles qu’humaines, sont utilisées comme des choses jetables. Ainsi, les entreprises utilisent les humains comme des ressources puis les jettent lorsqu’ils ne sont plus productifs, épuisés, en burn-out, etc. Ces ressources, que sont les travailleurs, sont au service du capital. Partant du principe que les humains sont des ressources à disposition des entreprises, il est évident qu’on se permet de considérer les ressources naturelles, la nature de manière générale, de la même manière. 

Une opportunité se présente aujourd’hui car nous avançons à toute vitesse vers un mur : nous n’avons qu’une planète. Auparavant, le rapport extractif aux humains et au vivant avait un impact de petite ou moyenne portée : un mineur décédait dans le cadre de son travail, on organisait une journée de deuil, puis on le remplaçait en considérant que les humains étaient des ressources remplaçables. 

« La transition écologique ne sera pas possible si on ne démocratise pas les entreprises, si on ne sort pas du rapport extractif aux humains, si on ne change pas de modèle économique.”

Nous avons cru pouvoir adapter le même fonctionnement avec la nature dont l’échelle de destruction a évolué au fur et à mesure. On a pollué un hectare, 10 hectares… Puis des espaces naturels entiers, des océans, jusqu’à réaliser qu’il n’y avait qu’une planète et que ses ressources sont limitées. Il y a aujourd’hui beaucoup de personnes capables de s’en rendre compte, y compris parmi les apporteurs en capitaux. 

Je pense donc qu’il y a un lien profond entre la démocratisation du travail et la transition écologique. Elle ne sera pas possible si on ne démocratise pas les entreprises, si on ne sort pas du rapport extractif aux humains, si on ne change pas de modèle économique. Ce n’est pas une condition suffisante, il y a d’autres problèmes à régler en même temps, mais c’est une condition nécessaire à la transition écologique. 

(1) : L’holacratie qui provient des mots grecs « holos » désignant « une entité qui est à la fois un tout et une partie d’un tout » et de « kratos » signifiant « pouvoir ». Il s’agit donc de donner le pouvoir de gouvernance à l’organisation elle-même plutôt qu’aux égos de ses membres.

L’entreprise libérée est décrite comme une philosophie qui vise à transformer l’organisation d’une entreprise en profondeur. L’idée est de libérer les salariés, leur initiative, leur potentiel afin de booster les performances de l’entreprise.

Le management collaboratif est une pratique de gestion qui vise à supprimer les cloisonnements entre les responsables, les cadres et le personnel pour leur permettre de travailler ensemble.

(2) : Le bicamérisme est un système qui repose sur deux chambres/assemblées, chacune étant dotées d’un pouvoir de décision.

Pour aller plus loin :

> Le Manifeste travail – démocratiser, démarchandiser, dépolluer, de Julie Battilana, Isabelle Ferreras, Dominique Méda, Seuil, 2020 : 

https://www.seuil.com/ouvrage/le-manifeste-travail-isabelle-ferreras/9782021470499 

> Tous les travaux d’Isabelle Ferreras : https://isabelleferreras.net/home/home-fr/

> Réseau Democratizing Work  : http://www.democratizingwork.org 

Lutter contre la précarité menstruelle grâce au budget participatif

Marie Richard a participé à la première édition du Budget Participatif de l’Hérault en déposant l’un des 432 projets proposés en 2020. Son idée portait sur la mise à disposition de boîtes à don de protections hygiéniques dans plusieurs établissements scolaires et médico-sociaux du Département.

Ses objectifs sont multiples : aider les femmes dans le besoin, mettre en avant la solidarité et déconstruire le tabou de la précarité menstruelle et plus généralement des règles. En France, près de 2 Millions de femmes seraient concernées par cette précarité, et certaines jeunes filles manqueraient même l’école parce qu’elles n’ont pas les moyens de se procurer des protections.

Pour déposer son projet et s’assurer qu’il puisse être réalisé, Marie a collaboré avec une association en mesure de fournir les boîtes à dons : Les Solibox.

L’accompagnement de l’association Les Solibox

capture solibox

Fondée en 2019 par deux étudiant·e·s, Léa Martinez et Romain Portella,  Les Solibox est une association qui vise à lutter contre la précarité menstruelle et le tabou des règles.

L’association met à disposition des boîtes de dons de protections hygiéniques (tampons, serviettes,…) en libre service dans les rues de Montpellier et au sein des établissements scolaires. Pour favoriser l’utilisation de ces boîtes, l’association communique beaucoup sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, LinkedIn et Twitter) et dispose d’un site internet. Des événements sont également organisés afin de récolter des fonds. 

Déjà trois boîtes installées sur le territoire

capture solibox

Le projet de Marie ayant été désigné lauréat grâce aux votes des Héraultais·e·s, le Département de l’Hérault a financé 4 boîtes de dons. Trois d’entre elles ont déjà été installées : une au lycée Jean Jaurès dans la commune de Saint-Clément-de-Rivière, près de Montpellier, une au sein de l’agence de solidarité de Ganges et une au lycée de Sète.

Outre l’installation des boîtes, le projet comprend également leur rechargement grâce à un stock important de protections hygiéniques. L’objectif à long terme est que ces boîtes soient alimentées par toutes les personnes qui souhaitent mettre à disposition des protections hygiéniques et que celles qui en ont besoin puissent se servir librement.

Un accompagnement continu des services départementaux

Marie explique que “le Département de l’Hérault a été aidant pour la convention, réactif et très présent tout du long de la démarche, tout comme l’association, le lycée et l’agence partenaires, malgré le contexte assez difficile de la crise sanitaire.” Les services départementaux ont suivi l’accomplissement du projet jusqu’au bout. En effet, la porteuse du projet a eu un référent avec qui elle pouvait échanger en cas de questionnement et qui a su la conseiller pour mener à bien son projet.

La mise en avant du projet grâce à la plateforme du budget participatif

La porteuse de projet a pu s’appuyer sur la communication menée par le Département : “les votes viennent des personnes qui se sont intéressées à mon projet en le découvrant sur la plateforme lors de la phase des votes du budget participatif”.

Marie décrit son expérience comme enrichissante, agréable, fluide, et se réjouit d’avoir rencontré des personnes partageant ses convictions. Marie tient à “rendre moins tabou la précarité menstruelle qui peut toutes nous toucher ou toucher notre entourage”. Elle aimerait poursuivre cette lutte et continuer de faire bouger les choses : “pour beaucoup de femmes, la précarité menstruelle paraît assez loin, alors que pour certaines personnes ça devient vite un cauchemar, notamment pour les jeunes filles qui manquent l’école à cause de cela”.